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Conséquences à court, moyen et long terme



La maltraitance infantile peut atteindre le lien d’attachement, mais aussi le plan moteur, somatique, verbal, social, émotionnel et avoir des conséquences à l’âge adulte.
Les répercussions sont d’autant plus importantes qu’elles surviennent précocement dans la vie de l’enfant et de façon répétée.

Conséquences organiques

Pour répondre à un facteur stress, l’organisme libère dans la circulation sanguine une quantité accrue d’hormones dites de stress : notamment les glucocorticoïdes provenant de la glande surrénale, les catécholamines provenant du système nerveux sympathique

Le rôle de ces hormones, en cas de confrontation à un facteur stress aigu, est adaptatif : elles augmentent la disponibilité d’énergie afin d’améliorer la vigilance, et ainsi protéger l’organisme.

Cependant, l’activation répétée et continue de ce mécanisme renverse la balance bénéfique et peut conduire à un dysfonctionnement (hyper-excitabilité émotionnelle, hyperglycémie, insomnie …).

Cela crée donc une prédisposition à certaines maladies chroniques.

De plus, cette stimulation chronique ne rend plus disponible les ressources nécessaires à avoir en cas de nouvelle confrontation à un facteur stress aigu. L’individu ne peut répondre de manière défensive, ce qui le compromet encore plus.

De nombreuses études retrouvent que la maltraitance dans l’enfance est liée à une moindre réponse aux thérapeutiques et une moins bonne évolutivité de leur pathologie.

Conséquences neurophysiologiques

Le manque de soins et de stimulations apporté par les parents (notion de Caregiver) les premières années de vie peut être dramatique sur le développement neuronal et cérébral de l’enfant, et à plus long terme sur les capacités intellectuelles.

En effet, la notion de plasticité cérébrale est primordiale chez l’enfant : le cerveau se développe sous l’influence de stimuli extérieurs.

Les connexions synaptiques et expressions de certains gènes se modifient en fonction de l’expérience vécue et des apprentissages réalisés.

De plus, la maltraitance dans l’enfance peut engendrer des altérations de morphologie du cerveau telles que la diminution de volume des amygdales cérébelleuses (région impliquée dans de nombreux troubles psychiatriques, troubles de la régulation des émotions).

Conséquences cognitives

La théorie de l’attachement est une notion essentielle : tout comme le besoin de s’alimenter pour grandir, le bébé doit aussi pour se développer, pouvoir trouver sécurité et confort auprès de l’adulte. Cela sera déterminant pour l’élaboration de sa personnalité, l’instauration de son sentiment de sécurité et finalement sa socialisation.

Le manque de stimulation aura des effets délétères sur la construction de la pensée, sur l’apprentissage des règles de vie et scolaires ainsi que sur les capacités cognitives et le développement du potentiel créatif et intellectuel. Cela risque d’affaiblir sensiblement les capacités d’apprentissage.

Le bon développement cognitif d’un enfant suppose la rencontre avec des adultes disponibles, stables et sécurisants, au sein d’un milieu stimulant.

Conséquences psychologiques

La maltraitance entrave la construction de représentations de soi en tant que personne ayant de la valeur, digne de recevoir des soins, de la protection et de l’aide.

L’enfant peut développer :

  • Un trouble de l’attachement de type insécurité.
  • Une image négative de lui-même.
  • Une perte de l’estime de soi.
  • Un sentiment de honte et de culpabilité.
  • Une dépression.
  • Un trouble anxieux.
  • Des troubles du sommeil.
  • Des conduites suicidaires.
  • Des automutilations.
  • Des troubles phobiques.
  • Des troubles du comportement (agressivité).
  • Une hyperactivité.
  • Un trouble oppositionnel avec provocation.
  • Des difficultés d’attention, de concentration.
  • Des troubles de la mémoire, dont des amnésies traumatiques.
  • Des troubles des conduites alimentaires.
  • Des symptômes dissociatifs.
  • Un trouble de personnalité : personnalité dépendante, évitante, obsessionnelle, borderline, antisociale, histrionique et narcissique.
  • Un délire de persécution.

Un stress traumatique aigu ou répété peut engendrer chez l’enfant un trouble se traduisant par un état de stress post-traumatique, et ainsi revivre constamment l’évènement.
Le souvenir est « insistant », il envahit les pensées et/ou les rêves.
Il en découle un comportement d’évitement (éviter tout ce qui lui rappelle le traumatisme : lieu, odeur, bruit, stimuli, membres de la famille …).
L’élan vital en est alors déjà affecté.

Conséquences physiques

Les conséquences d’une maltraitance physique peuvent être graves et immédiates (surtout chez le bébé) :

  • Risque vital.
  • Séquelles neurologiques irréversibles :
    • Microcéphalie.
    • Tétraplégie.
    • Hémiplégie.
  • Séquelles praxiques.
  • Séquelles sensorielles :
    • Déficience visuelle.
    • Perte auditive.

Les négligences chroniques chez l’enfant peuvent engendrer des carences alimentaires et un retard staturo-pondéral.

Durant l’enfance et l’âge adulte, les conséquences sont multiples :

  • Asthénie chronique.
  • Plaintes somatiques répétées.
  • Douleurs chroniques.
  • Obésité.
  • Hypercholestérolémie.
  • Diabète.
  • Hypertension artérielle.
  • Pathologies cardiaques.
  • Pathologie pulmonaire chronique.
  • Inflammation chronique.
  • Fibromyalgie.
  • Troubles gynéco-obstétricaux.
  • Plaintes fonctionnelles digestives.
  • Côlon irritable.
  • IST.
  • Cancer.
  • Troubles bucco-dentaires.
  • Épilepsie.

Conséquences sociales et relationnelles

L’enfant peut présenter des difficultés de reconnaissance de ses émotions et de celles des autres, et présenter des difficultés d’adaptation comportementale.
Il peut osciller entre des positions de retrait social et des comportements plus agressifs.

  • Conduites addictives (alcool, tabac, drogues).
  • Difficultés à s’intégrer.
  • Fugues.
  • Scolarité :
    • Moins bons résultats scolaires.
    • Absentéisme scolaire plus marqué.
    • Davantage d’orientation en éducation spécialisée.
    • Niveau d’étude plus faible.
  • Vie professionnelle :
    • Difficulté à accéder à l’emploi.
    • Difficultés d’intégration dans le monde du travail.
    • Salaires moins élevés.
    • Emploi de moins bonne qualité.
  • Vie affective :
    • Délinquance.
    • Comportements de mise en danger.
    • Criminalité.
  • Vie sexuelle :
    • Activité sexuelle plus précoce.
    • Troubles des comportements sexuels.
    • Prostitution.
    • Grossesse à l’adolescence.
    • Taux d’IVG supérieur.
    • Risque plus élevé d’IST.
  • Risque de vivre des périodes de précarité, de marginalisation et de devenir SDF.
  • Aggravation de situations d’inégalités, de discrimination et de handicap.
  • Risque de reproduction trans-générationnelle des violences subies.

Coût économique et social

Les dépenses de santé en France engendrées par la maltraitance infantile sont considérables.

On peut citer quelques exemples non exhaustifs :

  • Services de soins de santé :
    • Augmentation de la prévalence des troubles mentaux : suivi médical, psychologique, thérapeutiques, …
    • Hospitalisations.
    • Augmentation de la prévalence des maladies chroniques : Obésité, HTA, douleurs chroniques …
  • Système de protection sociale :
    • Logements.
    • Éducation spécialisée.
    • Formations professionnelles.
  • Système judiciaire :
    • Séjours dans des institutions pénales.
    • Recours à des services judiciaires : tribunal pour enfants, poursuites pénales pour les parents.
  • Couts indirects :
    • Pertes de productivité.
    • Consommations toxiques.
    • Allocations familiales.

Cela pourrait contribuer à attirer l’attention sur la nécessité d’améliorer la prévention de la maltraitance infantile en France.

Mis à jour le 04 avril 2022


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