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La consultation : Quelques conseils

Nous n’avons pas à fournir les preuves d’une maltraitance !
Nous devons être capable de la suspecter et d’étayer cette suspicion.

Il est essentiel de différencier la façon d’aborder la prévention avec l’enfant durant une consultation et la consultation en cas de suspicion et de maltraitance avérée (partie abordée plus bas).

En consultation, il est conseillé, de temps en temps, de demander à l’enfant s’il subit actuellement ou s’il a déjà été victime de violences, s’il a déjà été témoin de violences. En lui expliquant ce qu’est la violence, ce que les personnes n’ont pas le droit de faire.  
L’intérêt est de nommer ces situations, afin de pouvoir en parler plus facilement à l’avenir.
Leur poser des questions permet d’envoyer un signal fort : si cela est nécessaire un jour, leur parole sera écoutée et entendue, accompagnée.
Les informer peut également permettre d’anticiper le danger, et de l’éviter.

« On n’a pas le droit de te faire mal, ni de t’humilier. De même, tu n’as pas le droit de faire mal ni d’humilier une autre personne ».
« On n’a pas le droit de te toucher (contexte sexualisé) sans ta permission. Ton corps n’appartient à personne. De même, tu n’as pas le droit de toucher quelqu’un sans sa permission ».
« On n’a pas le droit de t’utiliser comme objet sexuel. De même tu n’as pas le droit d’utiliser une autre personne comme un objet sexuel ».
« Les adultes doivent te protéger et t’aider à parler ».

Attitude face à l’enfant

Nos premières réactions face à l’enfant et son premier ressenti sont primordiaux pour entrer dans un climat de confiance et de confidences.
Rester calme.
L’enfant commencera par lancer des signes discrets, puis attirera l’attention verbalement, avec ses propres mots.
Chez l’enfant ne voulant pas parler, l’approche avec des jouets et poupées est à envisager : « Est ce que tu veux bien jouer et me montrer avec la poupée ce que l’on t’a fait ? ».

Adopter une approche de soins respectueuse, une écoute bienveillante et empathique, sans jugement.

Ne pas mettre en doute les paroles de l’enfant.
Lorsque l’enfant se livre sur ses difficultés, il a le sentiment de trahir un secret.

Ne faire aucune supposition quant à l’identité du maltraitant.
Éviter d’être accusateur envers les parents : l’enfant reste en général très loyal envers eux.
De même, beaucoup des jeunes enfants pensent qu’ils sont responsables des mauvais traitements.

Éviter de rentrer dans une spirale d’interrogations et de suggestions, pouvant transformer les propos de l’enfant.
Utiliser des mots clairs, sans ambiguïté.
Écouter attentivement l’enfant.
Éviter de combler les silences à sa place.

S’adapter au niveau de compréhension et de langage de l’enfant.
Jusqu’à 5-6 ans, un enfant est généralement incapable de fournir des données chronologiques, même concernant un passé récent.
L’enfant ne perçoit pas le temps comme linéaire. Il est donc conseillé de réaliser des associations avec des évènements de sa vie : Noël, anniversaire, vacances …

Éviter les mots perturbants tels que « viol », « inceste » ou « agression ».

Rassurer l’enfant et le soutenir par des phrases telles que :

  • « C’est très courageux de ta part d’en parler ».
  • « Je suis heureuse que tu m’en aies parlé ».
  • « Je suis désolée de ce qui t’est arrivé ».
  • « Tu n’es pas seul ».
  • « Je ferais tout ce que je peux pour t’aider ».

Répondre aux questions des enfants le plus simplement et le plus honnêtement possible.
Ne pas faire de promesses que l’on ne peut tenir.
Par exemple, ne pas dire à l’enfant que nous garderons son secret. Il faut lui expliquer que certains secrets doivent être partagés afin d’obtenir de l’aide.
Dire à l’enfant que cette information ne sera partagée qu’avec des personnes qui s’efforcent d’aider et de protéger.

Cas particulier des pré-adolescents et adolescents : Poser clairement la question en cas de signes d’alerte.

Attitude face aux parents

Être objectif et professionnel.
Ne pas être accusateur.
Essayer de leur faire comprendre qu’ils ont besoin d’aide, qu’ils n’arrivent pas à protéger leur enfant.
Importance de centrer le discours sur l’enfant : sur leur santé et leur bien-être.
Leur expliquer que nous sommes formés à soigner les enfants, qu’en tant que Médecin nous ne pouvons pas garder cela pour nous, qu’il nous faut une aide extérieure avec des spécialistes afin de faire un diagnostic.
En cas de refus des parents : « Je vais être dans l’obligation de faire un signalement ».

Les difficultés du médecin

Les difficultés émotionnelles peuvent déclencher des réactions allant de la colère jusqu’au déni de la réalité.

Toutes sortes d’émotions peuvent apparaitre :

  • Sentiment d’impuissance ou au contraire de toute puissance.
  • Peur d’une mauvaise interprétation personnelle de la situation.
  • Crainte de faire une erreur lors de la rédaction.
  • Peur de s’immiscer dans la vie familiale de l’enfant.
  • Crainte de l’impact négatif sur la relation médecin-famille.
  • Crainte de laisser l’enfant dans une situation familiale à haut risque.
  • Peur de conséquences sur sa vie personnelle.
  • Sentiment de solitude.

Rester maître de soi.
Réfléchir calmement au problème confronté.
Ne pas hésiter à demander de l’aide.
Éviter d’agir dans la précipitation.

Un dispositif d’écoute téléphonique par des psychologues, d’accompagnement et de soutien psychologique, anonyme, est disponible pour les soignants
24h/24 et 7j/7 au 0826 004 580
Il a été créé par l’association AAPML
(Aide Aux Professionnels de santé et Médecins Libéraux)

L’audition Mélanie

Procédure des policiers/gendarmes adaptée afin d’entendre les mineurs victimes.

  • Enquêteurs en civils, pour rassurer l’enfant.
  • Salle dédiée : Décor de chambre d’enfants, avec de nombreux jouets, dont des poupées ou puzzle anatomiques, pour faciliter l’expression par le jeu plutôt que par la parole.
  • Caméra de vidéo surveillance + micro pour ne pas répéter les auditions.
  • Formation dédiée des enquêteurs à ce type d’échanges, afin de ne pas induire ou influencer une quelconque réponse de l’enfant.
  • Vocabulaire accessible à l’âge de l’enfant, questions courtes, mots simples.

Mis à jour le 16 mai 2022


Sources :

Collectif. « Mal-traité émoi » Que faire si je suis confronté à un risque de maltraitance d’enfants ? : Un outil pédagogique destiné aux enseignants pour prévenir la maltraitance. EdiPro, 2015. https://univ-scholarvox-com.ezpum.biu-montpellier.fr/book/88903783.

Nathanson, M., J. Oxley, et M. Rouyer. « Maltraitance envers les enfants et les adolescents ». Journal de Pédiatrie et de Puériculture 24, no 6 (1 décembre 2011): 295‑305. https://doi.org/10.1016/j.jpp.2011.10.004.

World Health Organization. « Guide Sur La Prévention de La Maltraitance Des Enfants : Intervenir et Produire Des Données ». Organisation mondiale de la Santé, 2006. https://apps.who.int/iris/handle/10665/43686.

Salmona, Dre Muriel. « PRÉVENTION DES VIOLENCES SEXUELLES ENVERS LES ENFANTS PARTIE », s. d., 21.

Becker, Emmanuel de. « Summary ». Psychotherapies 27, no 2 (2007): 85‑96.

Cornelis, Gilles, et Coralie Theys. « Que nous apprend le vécu des médecins généralistes sur les composantes de leur intervention dans les situations de suspicion de maltraitance infantile non urgentes ? » Carnet de notes sur les maltraitances infantiles 10, no 1 (1 juin 2021): 24‑47.

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